Barjac 2021 Buffaud en concert, c’est une succession de chansons dont les textes ressemblent à s’y méprendre à des tableaux de notre propre existence. Et en ce dimanche 1er août 2021, dès que sa bouche a caressé mes oreilles, sa voix tranquille -et apparemment pleine d’assurance- m’a, d’une certaine façon, imperceptiblement raconté ma vie. Parce…

Barjac 2021

Buffaud en concert, c’est une succession de chansons dont les textes ressemblent à s’y méprendre à des tableaux de notre propre existence. Et en ce dimanche 1er août 2021, dès que sa bouche a caressé mes oreilles, sa voix tranquille -et apparemment pleine d’assurance- m’a, d’une certaine façon, imperceptiblement raconté ma vie. Parce que ces mots-là, agencés de cette façon-là, même s’ils ne le sont pas à la façon d’un Bernard Joaillier, finissent tout de même par nous révéler des fils de soi, avec une humanité qui ressemble à du Joyet.

Quelles histoires que les siennes ! Si proches des miennes ! Et c’est certainement parce qu’elles sont manifestement cousines que je me suis soudain senti con-cerné ! Et parce que, en les écoutant, je ne sais encore pas pourquoi, j’ai immédiatement pensé à l’Allain Leprest (qui nous manque tant !).

Mais, ceci étant écrit -ni au-delà, ni en-deçà des mots, mais faisant (à)corps avec eux-, il serait terriblement injuste d’oublier la musique qui y est délicatement -et avec beaucoup de justesse- associée. Parce que le tricotage de nacre virtuose de Sébastien
Debard et le tissage de cordes maestrien de Philippe Parant s’osmosent si bien à la guitare tranquille de François, que notes et mots finissent par devenir indissociables les unes des zôtres. D’autant plus que le 4ème artiste de ce trio à mi-frangins, l’ingénieux du son Pierre Jandaud, s’honore de nous distiller un son nickel, sous ce chapiteau pourtant si difficile à sonoriser !
Bref, j’ai adoré cette proposition qui, si elle n’a rien de révolutionnaire, m’a permis de saisir au vol pourquoi, durant ce moments suspendu, Le temps n’a qu’une aiguille (titre du superbe album qui sort ce 22 octobre 2021).

Finalement, je crois avoir compris pourquoi j’aime autant François Buffaud : parce que, comme moi, il a arrêté de prendre les cons pour des gens…

Franck Halimi pour Nos Enchanteurs – concert du 1 août 2021 – photos Christine Pascal

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Festival "La Chansonnade" (Pourchères 07)

On ne va pas tout le temps se plaindre des caprices de la météo, ça f’rait rengaine. D’autant que ce qui nous tombe du ciel, bien à l’abri dans cette bergerie, n’est rien que du bonheur. Qui plus est d’une musicalité plutôt rare à Pourchères. Ça swingue, ça louche et ça manouche. Ça jazze, avec du Gin dedans : « On a l’alcool en phase… » Ça valse parfois. Ça tangue, ça vibre, ça balance, ça vous remplit la salle, ça fait cabaret parisien en sous-sol sauf qu’ici, à Pourchères, il y a bien plus de monde encore. Et qu’on a bien les pieds sur terre, qui d’ailleurs ont la bougeotte.

Lui, c’est François Buffaud. En temps normal on dit le « Buffaud Trio ». Il devra faire réimprimer son matériel de promo en « Buffaud quatuor » : sa belle entreprise est en expansion. Michel Sanlaville est venu ajouter sa touche et son art de la contrebasse aux guitares de Philippe Parant et à l’accordéon de Sébastien Debard. Leur musique perle en désirables notes, celles qui appellent l’amour, celles qui retiennent l’amitié. Elle est comme un panneau solaire, elle capte et restitue la chaleur, c'est de l'énergie qu’elle redistribue.

Alors, dans cette salle, c’est dès l’entame canicule, à croire que François Buffaud y a installé son fan-club, incandescent il va de soi. Il devra bisser même "On f’ra semblant (…quand on sera mort)", la preuve que, justement, il ne fait pas semblant. C’est déjà incroyable tube, faudra le faire savoir en hauts lieux, chez Drucker et Varrod malgré leur légendaire surdité…

La voix de Buffaud est grosse et ronde, bien en bouche. Elle vous est vite indispensable « comme si c’était la première fois » : j’vous raconte pas si c’est la vingtième…! Car on devient vite addict. Autre tube encore, "Les cabines de plage", nostalgie balnéaire un rien surannée « des parasols de toile / et la plage en galets ». Pour peu, vous entendriez les mouettes. En fait on se refait toute la gamme des sentiments, de l’émotion à fleur de larmes (« Maman, tu nous as écrit / Les pages d’une vie si belle ») à la joie en partage. Buffaud réussit même à faire siens Les Bourgeois, c’est dire s’il est loin d’être une brèle.

On se dit que l’étroitesse de la scène fait que tout le monde est condamné à être au premier plan. Mais c’est toujours pareil chez Buffaud, frappé d’égalité. Y’a pas une vedette et les autres : dans la calligraphie du cœur, tout le monde a le même corps, la même typo, le même caractère généreux. Chacun y va de son art, de son talent, de sa virtuosité : tout dans le même pot commun. Eux et, quitte à faire, le public, pas manchot, pas avare.

« Reprenez la légende / Qui dit que tout se peut / Si chacun fait l’offrande / Du joli peu qu’il peut ».

Programmatrices, programmateurs, si vous me lisez, signez Buffaud, paraphez son contrat : ma foi, vous offrirez là à votre public un singulier cadeau !

Michel Kemper pour Nos Enchanteurs – concert du 9 juillet 2017 – photos Marie Olivier